Le satellite de navigation GIOVE-A, lancé recemment, est le prototype des 30 satellites qui composeront Galileo en 2010. Pour rappel, Galileo est un système de positionnement par satellite, le concurrent direct du système américain GPS que tout le monde utilise pour l'instant.

Puisque le système GPS a été payé par le contribuable américain, le signal est gratuit. Les utilisateurs ont juste besoin d'acheter un récepteur GPS. Galileo, de son côté, doit être rentable pour rembourser ses investisseurs. C'est pourquoi il est prévu de payer pour obtenir les codes PRN nécessaires au décodage du signal.


Et puisque Galileo et GPS partageront des bandes de fréquence, l'Europe et les USA ont signé un accord spécifiant que certains codes PRN de Galiloe doivent être open source. Néanmoins, après l'annonce des premiers signaux émis le 12 janvier 2006, aucun des codes de GIOVE-A n'avait été rendus public.

Mi-janvier, Mark Psiaki, professeur de mécanique et de technologie aérospatiale à Cornell et co-chef du GPS laboratory de Cornell, demande les codes à Martin Unwin de Satellite Technology Ltd, un des 3 groupes priviligiés dans le monde qui disposent des codes PRN. Martin refuse gentiment.
Mark contacte alors son pote Olivier Montenbruck, un collègue Allemand. Là, il se rend compte que lui aussi veut connaître les codes. Même les européens sont frustrés!

Et parce qu'il ne faut jamais chercher un Américain en colère, Mark et son équipe développent en une semaine un algorithme pour extraire les codes. Deux semaines plus tard, il a un premier résultat qu'il doit jeter car la période du signal est deux fois plus longue que prévue. Mais au milieu du mois de mars, ils terminent leurs premières estimations du code, avec un petit coup de pouce d'Olivier. Finalement, le 1er avril, ils le publient sur ce site.
Deux jours plus tard, le fabricant Canadien de récepteur GPS, NovAtel, télécharge les codes du site Web et a commencé à tracer GIOVE-A pour la première fois.

Du coup, Galileo publie lui aussi les codes PRN mi-avril qui en plus, se révèlent ne pas être ceux utilisés par GIOVE-A. En outre, cette publication marque les codes open source d'un label Propriété Intellectuelle, réclamant une license pour tout récepteur destiné au commerce.
"Apparemment, ils essaient de faire de l'argent sur le code open source", se moque Psiaki.

Mais effrayé par le côté illégal du cracking de code, son équipe à consulté les avocats-conseils de l'université de Cornell, pour s'entendre répondre que, si le cracking de contenu créatif tel que la musique ou le cinéma est illégal, le cracking de signal de navigation est un jeu ouvert. Vamos!

La morale de l'histoire: les Européens ne peuvent pas garantir les droits d'auteur de données venant d'un satellite qu'ils ont construit eux-même!
On va encore passer pour de sacrés branquignoles. D'autant plus que ça la fout un peu mal si tout le business-plan est basé sur la vente des codes. Même si de son côté, Galileo affirme que les codes finaux seront différents.
Mais maintenant qu'on sait comment s'y prendre ...